Vision II s’inscrit dans la série « Parcours », série de grandes œuvres où Arnaud Martin, dans un univers fantasmagorique et allégorique, interroge chacun de nous sur l’humain et sa quête existentielle. Au milieu d’une forêt envoûtante, cathédrale à ciel ouvert, aux couleurs flamboyantes nous emmenant vers le sommet, se dégage sur le point culminant la présence puissante et solennelle de l’ours, symbole absolu de la force animale. Cette apparition fugace et magique, touchant au fantastique est une invitation à la vie sauvage. Les mots de Jack London, écrivain par excellence de la nature, résonnent alors dans notre conscience brusquement saisie : « Dans la profondeur de la forêt résonnait un appel, et chaque fois qu'il l'entendait, mystérieusement excitant et attirant, il se sentait forcé de tourner le dos au feu et à la terre battue qui l'entourait, et de plonger au cœur de cette forêt toujours plus avant, il ne savait où ni pourquoi ; il ne se posait pas la question mais l'appel résonnait impérieusement dans la profondeur des bois. » Est-on dans un rêve ou la réalité ? Les frontières sont floues. Une vision est souvent flottante, peu discernable. L’aquarelle et la craie sont les prolongations plastiques de cette soif de liberté. Spectateur que nous sommes, dans notre chemin intérieur, il nous reste alors à répondre à cet appel, à quitter les habits du vieil homme pour filer dans les méandres majestueux et verticaux de la forêt à la suite de la vie sauvage, la seule qui vaille d’être vécue.